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En 2004, des photos montrant les traitements réservés... (PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS)

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En 2004, des photos montrant les traitements réservés par des soldats américains aux détenus de la prison irakienne d’Abou Ghraib avaient soulevé une vague d’indignation dans le monde.

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS


L’administration américaine pourrait bientôt être contrainte par la justice de dévoiler publiquement des centaines, voire des milliers, de photos témoignant des sévices exercés sur des détenus dans les prisons militaires américaines en Irak et en Afghanistan.

Un juge de New York a donné jusqu’à vendredi à Washington pour justifier son appréciation des risques inhérents à leur diffusion.

Le gouvernement prétend que le contenu des photos est suffisamment problématique pour mettre en danger les ressortissants américains vivant à l’étranger.

Il rejette les demandes de transparence de l’American Civil Liberties Union (ACLU), qui bataille depuis 10 ans devant les tribunaux pour les obtenir.

L’organisation pense que l’administration ne peut pas se réfugier derrière des questions de sécurité nationale pour justifier son refus. «Si on lui permet de faire ça, ce ne sont pas que les photos de mauvais traitement contre des prisonniers qui vont être censurées. Ce sera aussi l’information sur les drones, les activités de surveillance de l’État, etc.», déclare Jameel Jaffer, le juriste qui pilote le dossier pour l’ACLU.

Une première requête a été déposée en juin 2004 afin d’obtenir les photos liées à des enquêtes sur des allégations de sévices dans les prisons militaires américaines. Elle a été introduite quelques mois à peine avant la sortie dans les médias de photos provenant de la prison irakienne d’Abou Ghraib qui avaient soulevé une vague d’indignation dans le monde.

On y voyait des détenus nus empilés les uns sur les autres, d’autres terrorisés par des chiens. Des soldats américains prenaient la pose avec un air amusé sur plusieurs clichés, incluant une où l’on voyait un cadavre.

En 2006, le gouvernement a reconnu qu’elle possédait une trentaine d’autres photos pertinentes par rapport à la demande de l’ACLU provenant de «sept localités en Afghanistan et en Irak».

Ce total a été révisé sensiblement à la hausse quelques années plus tard lorsque le sénateur Joseph Lieberman a souligné que le gouvernement avait en sa possession «près de 2100 photos» en lien avec le traitement abusif allégué de détenus dans des prisons militaires américaines.

Barack Obama, à son arrivée au pouvoir en 2008, se montrait disposé à divulguer les photos, qui ont toutes été prises lorsque son prédécesseur, George W. Bush, était en poste.

Le nouveau chef d’État a cependant renversé sa position en 2009, apparemment en réponse aux mises en garde des commandants américains en poste en Irak qui s’inquiétaient des retombées. Le premier ministre irakien de l’époque, Nouri al-Maliki, aurait lui-même prévenu alors que «Bagdad brûlerait» s’il allait de l’avant.

«Troupes en danger»

Devant les médias, le président américain a alors affirmé que la diffusion des photos n’apporterait aucune information additionnelle sur ce qui a été fait «par un petit nombre d’individus».

«En fait, la conséquence la plus évidente de leur diffusion, je crois, serait d’exacerber les sentiments antiaméricains et de mettre nos troupes en grand danger», a-t-il relevé. Le Congrès a fait voter à la même époque une loi qui donnait le pouvoir au secrétaire à la Défense de bloquer pour trois ans la publication de photos susceptibles de «mettre des vies américaines en danger».

Le secrétaire à la Défense en poste, Robert Gates, a rapidement statué en ce sens, et la décision a été reconduite en 2012 par son successeur.

Jameel Jaffer note que le gouvernement s’est contenté d’évoquer la dangerosité de l’ensemble des photos sans donner plus de détails. Une généralisation jugée abusive par le tribunal new-yorkais, qui lui demande de procéder photo par photo.

Bien que les clichés suscitent un vif différend, on ne connaît que peu de choses de leur contenu. Un responsable du ministère de la Défense a indiqué anonymement il y a quelques années qu’elles avaient été prises par des soldats ou encore des enquêteurs qui recueillaient des preuves de mauvais traitements et portaient surtout sur la période allant de 2002 à 2004.

Même si l’administration a multiplié les démarches pour empêcher leur diffusion, le président Obama a déjà assuré qu’elles n’étaient «pas particulièrement sensationnelles». À l’inverse, l’ACLU s’est déjà fait dire sous le couvert de l’anonymat qu’elles sont «pires que celles d’Abou Ghraib».

M. Jaffer pense que le gouvernement aura du mal à convaincre le magistrat au dossier du risque posé par la diffusion des photos alors que la sortie la semaine dernière d’un rapport-choc sur les pratiques d’interrogatoires controversées de la CIA dans un réseau de prisons secrètes n’a pas mené à des attaques contre des intérêts américains.

Le retrait de la majeure partie des troupes américaines déployées en Irak et en Afghanistan rend par ailleurs spécieux l’évocation du risque pour les soldats du pays, conclut le juriste de l’ACLU

source lapresse .ca


 

Dick Cheney fait l’éloge des tortionnaires de la CIA

L'ex-vice-président des États-Unis, Dick Cheney
Photo: Jim Watson Agence France-Presse L’ex-vice-président des États-Unis, Dick Cheney

L’ancien vice-président américain Dick Cheney a vigoureusement défendu dimanche le travail des agents de la CIA pour leurs interrogatoires musclés contre des membres présumés d’Al-Qaïda dans les années 2000, après l’onde de choc cette semaine du rapport du Sénat sur la torture.

«Je suis parfaitement à l’aise: ils devraient être glorifiés, ils devraient être décorés», a déclaré sur NBC M. Cheney, en poste de 2001 à 2009 sous le président George W. Bush, à l’époque où la CIA avait recours à des «techniques d’interrogatoires renforcées» contre des dizaines de «terroristes» présumés dans des sites tenus secrets.

Le rapport accablant rendu public mardi par le Sénat affirme que les actes de torture perpétrés par des interrogateurs de la CIA n’avaient permis de récupérer aucune information valable à l’époque de la «guerre contre le terrorisme» lancée par MM. Bush et Cheney. La commission du Renseignement du Sénat a aussi dénoncé les mensonges de l’agence vis-à-vis du Congrès et de la Maison Blanche.

Mais pour Dick Cheney, «la torture, c’est ce que les terroristes d’Al-Qaida ont fait subir à 3000 Américains le 11-Septembre», des attentats qui ont traumatisé les États-Unis. «Il n’y a pas de comparaisons entre ça et ce que nous avons fait avec respect pour améliorer nos interrogatoires», a-t-il défendu.

L’ancien vice-président s’est dit aussi insensible au fait qu’un certain nombre de membres présumés d’Al-Qaida ont été arrêtés, interrogés sans ménagement et détenus durant des années alors qu’ils étaient innocents.

«Cela ne me pose aucun problème tant que nous remplissons nos objectifs qui sont d’attraper ceux qui ont préparé les attentats du 11-Septembre et d’empêcher de nouveaux attentats contre les États-Unis», a-t-il repris.

Pratiques extrêmes

Le très détaillé et volumineux rapport du Sénat, sous l’égide de la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, a mis en évidence des pratiques de torture extrêmes, comme la «réhydratation rectale». Dick Cheney a affirmé ne pas être courant de cette pratique dans le cadre du programme d’interrogatoires poussés: «Je pense que c’était fait pour des raisons médicales», a-t-il estimé.

Il a aussi répété que le président George W. Bush (2001-2009) connaissait le programme de tortures de la CIA: «Cet homme savait ce que nous faisions. Il l’a autorisé, il l’a approuvé».

George W. Bush, qui avait été interrogé dimanche dernier par CNN, avant la publication du rapport du Sénat, était allé dans le même sens que son vice-président: «Nous avons de la chance d’avoir des hommes et des femmes qui travaillent dur pour servir nos intérêts. Ce sont des patriotes et peu importe ce que le rapport dira (…). Je connaissais le directeur, les directeurs adjoints et nombre d’agents: ce sont vraiment des gens biens et nous sommes chanceux, en tant que nation, de les avoir», avait-il dit.

Dès le lendemain de la publication du rapport au vitriol, Dick Cheney avait balayé un document «plein de conneries».

«Je pense que ce rapport est déplorable. Il me semble très imparfait. Ils n’ont pas pris la peine d’interroger les personnes clés impliquées dans ce programme», avait-il dit.

Le patron de la CIA John Brennan avait également souligné jeudi qu’il n’était pas d’accord avec les conclusions du rapport du Sénat. S’il a reconnu que ses agents avaient utilisé des méthodes d’interrogatoire «répugnantes» après le 11-Septembre, il a affirmé qu’il était impossible de dire si elles avaient été utiles pour obtenir des informations.

De nombreuses réformes ont été menées pour éviter que ce type de dérives ne se reproduise, avait-il aussi noté.

Le rapport du Sénat a provoqué une onde de choc aux États-Unis et dans le monde. Le président Barack Obama a mis fin à ce programme de la CIA dès son arrivée à la Maison Blanche début 2009. Mais son gouvernement a exclu toute poursuite en justice.

source: ledevoir.com