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C’est affligeant et révoltant! Au nom d’un profit illusoire puisque ce type d’extraction n’engrange au final aucun réel bénéfice, ils saccagent l’environnement et polluent de manière tragique les nappes phréatiques! Pourtant, les exploitations continuent, inlassablement, entretenant le mensonge, et s’imposant même ailleurs sur la planète.
C’est confirmé: En Californie les aquifères ont été contaminés avec des milliards de litres d’eaux usées issues de la fracturation hydraulique.
Après que les autorités de l’État de Californie aient fermé 11 puits d’injection d’eaux usées de fracturation au mois de Juillet dernier, inquiètes que les eaux usées aient pu contaminer les nappes phréatiques utilisés pour l’alimentation en eau potable et l’irrigation agricole, le ministère fédéral de l’environnement des États-Unis (EPA) avait demandé qu’un rapport soit préparé sous 60 jours.
On a appris hier que l’autorité de gestion de l’eau en Californie avait envoyé une lettre à l’EPA confirmant qu’au moins neuf de ces sites avaient réinjecté les eaux usées contaminées par des fluides de fracturation et d’autres polluants dans la nappe phréatique, laquelle est pourtant protégée par la loi fédérale sur l’eau (Safe Drinking Water Act).
La lettre, dont une copie a été obtenue par le Centre pour la diversité biologique (Center for Biological Diversity), révèle que près de 11 milliards de litres d’eaux usées ont été injectés illégalement dans les nappes phréatiques du centre de la Californie.
Elle indique que la moitié des échantillons d’eau prélevés dans les 8 puits d’alimentation d’eau testés près des sites d’injection présente des niveaux élevés de produits chimiques dangereux tels que l’arsenic, un agent cancérogène connu qui peut également affaiblir le système immunitaire humain, et le thallium, une toxine présent dans la morts au rats.
Timothy Krantz, professeur d’études environnementales à l’Université de Redlands, affirme que ces produits chimiques constituent un risque grave pour la santé publique: «Le fait que des concentrations élevées soient identifiées dans plusieurs puits d’eau à proximité des sites d’injection d’eaux usées soulève d’importantes préoccupations concernant la santé et la sécurité des riverains ».
L’ampleur de la contamination n’est pas encore connue. La Commission de gestion des ressources en eau de l’État a déclaré que pas moins de 19 autres puits d’injection auraient pu contaminer les nappes phréatiques, et que l’Office des eaux de Central Valley n’avait jusqu’à présent testé que 8 des 100 puits d’eau à proximité.
Source: stopgazdeschiste.org via les Brindherbes et les moutons enragés
Gaz de schiste : comment la multinationale Shell fracture la planète à tout va
Ukraine, Patagonie, Afrique du Sud, Tunisie… Le pétrolier Shell investit tous azimuts pour trouver du gaz de schiste et des hydrocarbures non conventionnels. Cette quête effrénée d’un nouvel eldorado pétrolier risque d’avoir de lourdes conséquences environnementales, en particulier sur les ressources en eau, menacées de surexploitation et de pollutions. La multinationale anglo-néerlandaise est d’ailleurs nominée comme « l’entreprise la plus agressive en terme de destruction des ressources naturelles » lors des prix Pinocchio 2014 qui « récompensent » les entreprises « en totale contradiction avec le concept de développement durable ».
Du gaz de schiste, Shell en veut, et beaucoup. La multinationale pétrolière investit tous azimuts pour accumuler d’énormes concessions. « Shell s’active pour forer par fracturation hydraulique ou se prépare à le faire sur tous les continents », résume l’organisation britannique Platform, dans un bref rapport intitulé « Shell : méga-fractureur global ». De l’Argentine à l’Ukraine, des États-Unis à l’Afrique du Sud, en passant par l’Algérie ou la Tunisie, les forages de gaz de schiste estampillés du célèbre coquillage jaune orangé se multiplient. « Ses activités de prospection et d’exploration se sont accompagnées d’une vaste campagne de relations publiques pour atténuer les controverses », pointe l’ONG britannique.
Les controverses, le premier groupe pétrolier mondial en chiffre d’affaires [1], y est habitué. L’entreprise anglo-néerlandaise est l’une des premières multinationales à faire l’objet de poursuites internationales pour des violations des droits humains et des destructions environnementales occasionnées par ses activités au Nigeria [2]. Shell est également particulièrement active dans le domaine des sables bitumineux canadiens (lire notre article). Plus récemment, ce sont ses projets de forages offshore dans l’océan Arctique qui ont suscité l’ire des écologistes. Greenpeace vient de mener avec succès une campagne de grande envergure pour forcer la marque de jouet Lego à abandonner un accord de sponsoring avec Shell.
Shell fait en Ukraine ce qu’elle n’oserait pas faire à l’Ouest
Dans ces conditions, Shell craint-elle encore de salir sa réputation, déjà controversée ? L’entreprise fait partie de ces majors européennes, comme Total, qui ont le sentiment d’avoir « manqué » le boom du gaz de schiste états-unien. Elles y ont investi trop tard, au moment où la bulle se dégonflait, et y ont perdu beaucoup d’argent : 2,4 milliards de dollars pour Shell aux États-Unis. Elle ne s’en montre que plus empressée à chercher le potentiel « prochain eldorado » du gaz de schiste partout où il pourrait se trouver.
Et d’abord en Ukraine, frappée par la guerre civile. C’est le seul pays d’Europe où Shell a pour l’instant réalisé des opérations de forage de gaz non conventionnel. [3]. Les Amis de la terre Pays-Bas se sont rendus sur place fin 2013. L’association écologiste constate alors que Shell est loin d’y respecter les exigences environnementales les plus basiques. Les ONG découvrent des bassins où sont stockées les eaux usées – extrêmement polluées – issues de la fracturation hydraulique. Ces eaux polluées ne sont séparées du sol que par une bâche en plastique. Les substances toxiques qu’elles contiennent présentent des dangers pour l’environnement et la santé humaine, à la fois en raison des risques de fuites vers les nappes phréatiques et du fait de leur évaporation dans l’air. L’évaporation de ces eaux usées libère également de grandes quantités de méthane, un gaz à effet de serre très puissant.
Profil bas aux Pays-Bas
Pour les Amis de la terre, de telles pratiques sont révélatrices du « double standard » appliqué par l’entreprise : « Shell préfère chercher du gaz de schiste dans les pays où les régulations et leur application ne sont pas aussi strictes qu’aux Pays-Bas. Il est inacceptable qu’une entreprise néerlandaise comme Shell – qui n’oserait jamais s’investir dans le gaz de schiste dans son propre pays – puisse utiliser ces techniques nocives et dangereuses dans d’autres pays. » Les Amis de la terre France et Pays-Bas ont souhaité dénoncer ce zèle en nominant Shell aux Prix Pinocchio 2014, attribués par les internautes aux multinationales les plus hypocrites de l’année.
Cet activisme à l’étranger contraste avec le profil bas adopté par Shell dans son pays d’origine, les Pays-Bas. Une forte mobilisation populaire a permis d’y obtenir un moratoire de fait sur la fracturation hydraulique. 221 collectivités locales ont officiellement interdit cette technique sur leur territoire. Shell n’a pas encore envisagé de prospecter du gaz de schiste dans le pays. Seule une petite « junior » pétrolière, Cuadrilla, y sollicite des licences pour procéder à des fracturations hydrauliques. Il en va de même dans l’autre pays d’origine de Shell, le Royaume-Uni, où l’entreprise se tient ostensiblement à l’écart du débat – au contraire de Total, qui s’est un peu investi dans le domaine. En coulisses, cependant, Shell s’activerait pour éviter que les Pays-Bas n’interdisent officiellement la fracturation hydraulique, par crainte que cela ne l’empêche de continuer à s’étendre ailleurs, déplore Ike Teuling des Amis de la terre locaux. L’entreprise vient ainsi d’organiser une visite de parlementaires néerlandais sur ses sites de forage aux États-Unis, pour en démontrer la « sûreté » et l’absence de risques environnementaux. Bien loin de la réalité ukrainienne, que les ONG dénoncent .
Fracturer grâce aux failles juridiques et politiques
L’accord d’exploitation de Shell en Ukraine a été conclu avec le président Viktor Yanukovych, chassé par la rue fin 2013. La multinationale néerlandaise est associée, pour ce contrat, avec une firme ukrainienne appelée Nadra Yuzivska, propriété à 90% de l’État ukrainien et à 10% d’une société boîte aux lettres liée au clan de l’ancien président, suspecté de corruption. Un arrangement qui ne plaît évidemment pas au nouveau régime ukrainien. Shell a d’ailleurs dû cesser toutes ses opérations en Ukraine en juin, la zone de forage étant située dans l’Est du pays, à l’endroit même où se déroulent actuellement les affrontements entre l’armée ukrainienne et les séparatistes.
En Algérie et en Tunisie, les gouvernements ont choisi de favoriser l’extraction des gaz de schiste sans véritable débat public, malgré les réticences des scientifiques et de la population. Dans les deux pays, Shell est aux premières loges [4]. « Shell adapte sa stratégie selon les pays, explique Ike Teuling. En Afrique du Sud, l’entreprise a lancé une vaste campagne de relations publiques dans les médias. En Argentine, par contre, le site web de Shell ne mentionne même pas ses forages de gaz de schiste. »
Quand Shell instrumentalise les conflits ethniques
En Patagonie, les concessions de gaz de schiste accordées aux multinationales dans la province de Neuquén, le sont à travers une entreprise provinciale créée pour l’occasion, Gas y Petroleo de Neuquén, dont les comptes et le fonctionnement ne sont pas transparents. Tout comme Total – à laquelle elle est d’ailleurs associée sur certaines concessions –, Shell met à profit les lacunes juridiques ou les conflits entre administrations pour forer dans des zones naturelles protégées (lire notre article). Les habitants traditionnels de ces concessions ne disposent pas de titres formels sur la terre. Et l’entreprise fait comme s’ils n’existaient pas.
En Afrique du Sud, Shell est accusé d’attiser délibérément les tensions raciales dans la région du Karoo, où l’entreprise détient des concessions sur une zone de près de 90 000 kilomètres carrés… La taille de la Guyane ! Le Karoo abrite de grandes exploitations d’élevage extensif, dont les propriétaires blancs ont été les premiers à se mobiliser contre les projets de Shell. Celle-ci n’a pas hésité à embaucher certains employés noirs de ces exploitations pour qu’ils aillent porter la bonne parole dans leurs communautés, en présentant la fracturation hydraulique comme une grande cause « noire ». Une propagande dont l’efficacité reste limitée. Les organisations sociales noires militant pour la réforme agraire dans le Karoo, les évêques locaux et les indigènes Khoi et San, entre autres, se sont tous prononcés contre le gaz de schiste. Mais le gouvernement sud-africain, lui, y est largement favorable. Shell n’attend plus que son autorisation pour lancer ses forages.
L’eau, objet de toutes les inquiétudes
La plupart des régions où Shell cherche du gaz de schiste ont un point commun : elles manquent d’eau. Le Karoo en Afrique du Sud, la province de Neuquén en Patagonie argentine, l’Algérie et la Tunisie sont des régions extrêmement sèches. Les faibles ressources en eau sont vitales pour la population et les activités agricoles existantes. Or la fracturation hydraulique requiert d’énormes quantités d’eau : plusieurs millions de litres par forage. De quoi s’interroger sur la manière dont Shell et ses consœurs comptent procéder. Elles entretiennent d’ailleurs un flou artistique sur le sujet, tout en assurant qu’elles n’utiliseront jamais de sources d’eau servant à l’approvisionnement en eau potable ou à l’irrigation.
Pourtant, en Argentine, les études d’impact environnemental de Shell et Total omettent délibérément de préciser – comme c’est théoriquement requis – d’où provient leur eau et comment elles comptent traiter les eaux usées et polluées par la fracturation [5]. Or Shell détient deux concessions importantes à proximité des lacs Mari Menuco et Lors Barreales, principales sources d’approvisionnement en eau potable de la zone. Une région également riche en vignoble et en horticulture, alimentée par les eaux de la rivière Neuquén, jusqu’à présent épargnée par les opérations gazières et pétrolières.
La situation en Afrique du Sud est encore plus incertaine. Les ressources en eau y sont extrêmement rares. Et contrairement à la Patagonie, où est déjà exploité du gaz conventionnel, l’Afrique du Sud est dépourvue de toutes les infrastructures nécessaires : pas de gazoducs, ni d’installations portuaires spécifiques. Même les résidences sud-africaines ne sont pas reliées au réseau gazier ! Interpellée sur le problème de l’eau, Shell se contente de vagues déclarations sur la possibilité d’utiliser de l’eau de mer dessalée, ce qui semble irréaliste pour une simple raison de coût. Avec toutes ces dépenses nécessaires, l’exploitation du gaz de schiste du Karoo – s’il est réellement exploitable – pourra-t-elle jamais être économiquement viable ?
« C’est typique de la manière dont Shell aborde l’exploitation du gaz de schiste, souligne Ike Teuling. C’est un pari. Ils pensent que si jamais ils découvrent des milliards de mètres cubes de gaz exploitables, avec une concession de plusieurs milliers de kilomètres carrés, alors ils auront les moyens de trouver des réponses aux autres questions. » Pour toutes ces raisons, les Amis de la terre ont décidé de nominer Shell aux prix Pinocchio 2014, dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi ! », visant « l’entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles ». Les votes sont ouverts jusqu’au 17 novembre sur le site des Prix Pinocchio.
Olivier Petitjean
Cet article est publié simultanément par Basta ! et l’Observatoire des multinationales (dans une version plus détaillée) dans le cadre de leur partenariat avec les Amis de la terre sur les Prix Pinocchio.
Photo : CC Sibylle Rüstig